Classement des pays vendeurs d’armes dans le monde : qui est en tête ?

Un marché de l’ombre, où la signature d’un contrat d’armement pèse parfois plus lourd qu’un sommet diplomatique : voilà le vrai théâtre de la puissance internationale. Derrière les statistiques, c’est une guerre d’influence qui se joue, discrète mais féroce, entre nations prêtes à vendre la paix… en pièces détachées.
Voir la Suède, berceau du Nobel de la paix, s’inviter parmi les quinze premiers exportateurs d’armes : voilà qui a de quoi surprendre. Les projecteurs braqués sur Washington ou Moscou laissent dans l’ombre une foule d’acteurs bien moins attendus, redessinant la carte d’un commerce où chaque continent a ses champions. Au fond, qui tire vraiment les ficelles de ce marché feutré, où la discrétion l’emporte parfois sur la transparence ?
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Panorama mondial du commerce des armes : tendances et enjeux
Le marché des armes n’a rien d’un terrain de jeu ouvert : ce sont quelques puissances qui s’arrogent la part du lion. Les États-Unis captent à eux seuls 42,6 % des exportations mondiales d’armes entre 2020 et 2024, d’après le dernier rapport du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute). Derrière eux, la France s’installe à la deuxième place (9,6 %), talonnée par une Russie sur le recul (7,8 %), pénalisée par ses livraisons en chute libre, notamment vers l’Inde.
Mais l’Europe ne se contente plus de regarder passer les Rafale et les chars Abrams. Sa montée en puissance s’affiche dans des chiffres en progression :
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- Allemagne (5,6 %)
- Chine (5,9 %)
- Italie (4,8 %)
- Royaume-Uni (3,6 %)
L’Union européenne, forte de ses champions industriels, pèse désormais 27,5 % des ventes mondiales, et l’ensemble du continent tutoie les 41 %. Un paysage mouvant, où la Corée du Sud (2,2 %) et Israël (3,1 %) font une entrée remarquée dans le top 10.
Principaux exportateurs mondiaux d’armes (2020-2024, part de marché)
Pays | Part des exportations mondiales |
---|---|
États-Unis | 42,6 % |
France | 9,6 % |
Russie | 7,8 % |
Chine | 5,9 % |
Allemagne | 5,6 % |
Du côté des importations d’armes, le paysage change mais la concentration demeure. L’Ukraine devient le premier acheteur mondial (8,8 %), devant l’Inde (8,3 %), le Qatar (6,8 %) et l’Arabie saoudite (6,8 %). Tensions régionales, investissements massifs, repositionnements industriels : chaque transaction façonne l’équilibre géopolitique mondial.
Qui domine le classement des pays vendeurs d’armes aujourd’hui ?
La compétition mondiale reste dominée par une poignée de géants. Les États-Unis gardent la main haute sur le classement, fort de leur 42,6 % d’exportations mondiales (2020-2024). Leur domination repose sur une palette technologique sans équivalent, des alliances solides, et une présence sur tous les grands théâtres : Europe, Asie, Moyen-Orient.
Derrière, la France s’impose comme deuxième puissance, portée par le succès du Rafale et une politique commerciale aussi déterminée qu’efficace. Avec 9,6 % du marché, elle distance une Russie en perte de vitesse (7,8 %), freinée par la chute de ses ventes en Inde comme en Asie centrale.
Le haut du classement laisse émerger de nouveaux profils, notamment en Asie et en Europe :
- Chine : 5,9 % (4e rang), offensive sur l’Asie du Sud et l’Afrique.
- Allemagne : 5,6 %, en forte hausse grâce à des livraisons vers l’Ukraine, Israël, Égypte.
- Italie et Royaume-Uni : respectivement 4,8 % et 3,6 %.
- Espagne, Corée du Sud, Israël : entre 2,2 % et 3,1 % chacun.
Au total, les exportateurs européens frôlent les 41 % du marché. Un basculement qui confirme l’ascension de l’industrie de défense européenne et asiatique, au détriment d’une Russie fragilisée.
Les stratégies et spécificités des principaux exportateurs
Derrière les chiffres, chaque grand exportateur d’armes affine sa propre partition, guidée autant par la géopolitique que par la stratégie industrielle.
Les États-Unis jouent la carte du fournisseur universel :
- Leur portefeuille couvre 107 pays, avec des partenaires privilégiés comme l’Arabie saoudite (12 %), l’Ukraine (9,3 %) et le Japon (8,8 %).
- Près de 35 % de leurs ventes sont destinées à l’Europe, un chiffre dopé par la guerre en Ukraine. Leur force ? Une gamme ultra-diversifiée (F-35, Patriot, ATACMS), et une capacité à mêler influence diplomatique et supériorité technologique.
La France cible d’abord l’Inde (28 %), le Qatar (9,7 %) et la Grèce (8,3 %). L’Asie et l’Océanie absorbent 42 % de ses ventes, le Moyen-Orient 34 %. Derrière la croissance à deux chiffres des exportations (+11 % en cinq ans), on retrouve la montée en gamme du Rafale et une diplomatie industrielle musclée.
En face, la Russie voit son influence s’effriter : ses parts fondent de 64 % sur la période récente. Ses clients phares restent asiatiques (Inde, Chine, Kazakhstan), mais la diversification ralentit. À l’inverse, la Chine concentre ses livraisons sur le Pakistan (47 %) et le Bangladesh (16 %), en adaptant son offre aux besoins du voisinage.
L’Europe du Nord et du Sud affiche des stratégies propres :
- Allemagne : forte demande ukrainienne (19 %) et israélienne (11 %), avec des équipements lourds au premier plan.
- Italie : oriente 71 % de ses ventes vers le Moyen-Orient, en particulier Qatar et Égypte.
- Corée du Sud : s’impose comme outsider dynamique en Pologne (46 %) et aux Philippines (14 %) grâce à une offre compétitive.
Les chaînes d’approvisionnement se mondialisent, les transferts intra-européens s’intensifient : le marché s’adapte à l’urgence de réarmer sur fond de crises persistantes.
Quelles conséquences pour la sécurité internationale et les équilibres géopolitiques ?
Lorsque l’essentiel des exportations d’armes se concentre dans les mains de quelques puissances, l’équilibre des forces prend une tout autre allure. Les États-Unis règnent, dictant en partie l’autonomie stratégique de leurs alliés et accroissant la dépendance des acheteurs, notamment en Europe. L’ascension de la France sur le marché indien (près de 30 % des importations du pays) vient bousculer les équilibres dans la région indo-pacifique.
Le conflit ukrainien a bouleversé la donne : Kiev s’impose comme premier importateur mondial (8,8 %). Plus de 45 % des armes ukrainiennes sont fournies par les États-Unis, 12 % par l’Allemagne, 11 % par la Pologne. Cette nouvelle solidarité euro-atlantique se traduit par une explosion des importations européennes (+94 % en cinq ans), symptôme d’un réarmement accéléré des membres de l’OTAN.
Ailleurs, les transferts d’armes redessinent les rivalités. Au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite s’équipe à 52 % auprès des Américains, mais multiplie les fournisseurs (France, Italie, Allemagne). En Asie du Sud, le Pakistan s’appuie massivement sur la Chine (47 %), tandis que l’Inde oscille entre la Russie (36 %) et la France (28-30 %).
- La multiplication des sources et les transferts intra-européens tissent de nouvelles interdépendances.
- L’essor des importations européennes (+105 % pour les pays de l’OTAN) signale un tournant stratégique face à la menace russe.
L’arrivée de nouveaux acteurs et la redistribution des alliances n’amènent aucune stabilité : elles déplacent simplement les lignes, au gré des intérêts, des sanctions… et des crises à venir. Le grand échiquier du commerce des armes reste en mouvement, avec ses zones d’ombre et ses coups d’éclat.